Prenez le métro et sortez à Malesherbes. Ici s'ouvre devant vous l'une des rues les plus incongrues de Paris, la rue Fortuny, sur un immeuble en béton armé avec les étages supérieurs disposés en terrasse. C'est moche, mais caractéristique du style moderne des années 1950. Ne vous y attardez pas, il y a plus intéressant derrière.
En face, déjà, un hôtel néo-renaissance au n°46 : c'est là que le petit Nicolas Sarkozy a passé son enfance. Les ornements de pierres et fonte sont typiques d'un raffinement du 19e siècle.
Au n°42, dans un style presque haussmannien, la pierre de taille laisse une grande place aux fenêtres entourées de cariatides. En face, au n°35 un bâtiment semble ciselé dans la pierre : arcades mauresques vitrées, toit terrasse, boiseries : vous êtes dans l'hôtel de Sarah Bernhardt aujourd'hui occupé par Dominique de Villepin (oui oui, en face de chez Sarkozy).
Parmi ces merveilles, le bâtiment de la ligue des états arabes au n°36 semble presque fade. Notez quand même le balcon à motifs curules imitant le style directoire.
La façade du n°27 et son carrelage géométrique évoquent plus les ornements ibériques que ceux du nord-ouest parisien. Au n°17, un beau mascaron protège la porte. Les chapiteaux des pilastres sur la façade rappellent les 3 ordres classiques : dorique, ionique, corinthien (de bas en haut). Cet immeuble a accueilli longtemps l'agence juive pour Israël (oui oui, en face de la ligue des états arabes).
Si le n°13 fleure bon la Provence, c'est que Pagnol y a vécu 17 ans, après le peintre vauclusien Paul Vayson. En face, le n°12 illustre le style néo-classique agrémenté de céramiques dans le goût de la Belle-Epoque.
Mais c'est l'extraordinaire façade du n°9 qui attirera votre attention. Son style éclectique rappelle diverses époques et autant de techniques. Avis aux amateurs : maison à vendre ! Le panorama serait incomplet sans la maison à colombages du n°8. Notez que le n°5 porte le blason d'Iran car c'est la résidence de son ambassadeur (oui oui, en face de l'agence juive pour Israël). Au n°2 enfin, si la façade présente peu d'intérêt, on retiendra que Rostand y a composé Cyrano.
Voilà comment prendre une leçon d'architecture en traversant une rue.
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